« Tremplin » un dispositif d’appui à la parentalité et aux professionnels de l’enfance de l’APAJH 37

7 JUILLET 2021article Nexem

Porté par l’APAJH 37 « Tremplin » est un dispositif d’appui à la parentalité et aux professionnels de l’enfance sur le territoire Sud-Touraine. L’équipe mobile en charge du projet peut directement intervenir auprès des familles ou accompagner les professionnels de l’enfance. L’objectif est de favoriser le développement harmonieux de l’enfant et de répondre aux problématiques rencontrées par les parents ou les professionnels de l’enfance. Retour sur ce dispositif innovant.

L’objectif de « Tremplin » est multiple : premièrement favoriser le développement harmonieux de l’enfant dans tous ses contextes de vie tout en s’appuyant sur les compétences et les ressources des familles. Le dispositif vise aussi, plus concrètement à répondre aux questionnements des parents ou des professionnels, et à désamorcer des situations difficiles, à orienter les parents rapidement vers le partenaire qui semble le plus approprié lorsque cela apparaît nécessaire.

Afin de répondre à ces objectifs, le projet prévoit différentes modalités d’interventions. Ainsi ces interventions peuvent se faire auprès de la famille ou alors, en fonction des cas, se résoudre à une observation de l’enfant dans un ou plusieurs de ses lieux de vie. Dans certaines situations, les interventions peuvent prendre la forme d’accompagnement des professionnels de l’enfance, de groupe d’appui à la parentalité ou d’actions collectives auprès des familles et/ou des professionnels sur une thématique particulière en fonction des besoins.

Pour mieux comprendre le dispositif et prendre la mesure de ses ambitions, Christophe Rouleau, Directeur du Pôle ambulatoire a accepté de répondre à nos questions…Décrivez-nous-en quelques lignes votre projet ?

L’équipe mobile est dans une phase expérimentale et devra permettra des interventions précoces en amont des listes d’attente CAMPS-CMP-CMPP ou d’autres suivis en structure pour limiter les ruptures et fluidifier les parcours. Le principal objectif est de désamorcer les situations difficiles en proposant des interventions brèves ou des orientations adaptées à chacun, en fonction d’une évaluation effectuée par une équipe pluridisciplinaire.

A quels enjeux / objectifs / défis répond-t-il ?

Par ses actions diversifiées, ce dispositif est un lieu de ressources pour les partenaires et les familles puisqu’il développe :

Des actions collectives « parents » :

  • répondre aux questions des parents sur des thématiques d’éducation et de santé mentale ;
  • proposer des groupes ou ateliers de soutien à la parentalité psycho éducatif ciblés ;
  • accéder à des groupes parents facilitant le développement des compétences psychosociales parentales animées par des acteurs du soin (orthophonistes, psychomotriciens, psychologues, éducateurs) …

Des actions individuelles « famille » :

  • proposer des entretiens familiaux ponctuels dans des délais adaptés à leur problématique,
  • activer des compétences familiales au plus près du lieu de vie et au plus près des usagers pour observer et les accompagner ;
  • accompagner un parent vers des soins adaptés en psychiatrie adulte,
  • Orienter vers les CAMPS-CMP-CMPP…

Des actions « individuelles et collectives envers les partenaires » :

  • être un lieu de partenariat avec d’autres acteurs du territoire[1] comme l’intervention de professionnels pour des aménagements ou adaptations ;
  • repérer précocement grâce aux interventions d’évaluation et d’orientation coordonnées avec les acteurs locaux pour faciliter l’accès aux soins des usagers ;
  • mettre en place des interventions de sensibilisation des professionnels sur les thématiques de santé mentale…

Cette équipe mobile pourra se déplacer à domicile, dans les ALSH et les structures petite enfance et tout autre lieu de vie de l’enfant.

Ce projet est-il né d’un constat critique au départ, d’un repérage des besoins non répondu etc. ?

Le territoire du Sud Touraine est caractérisé par une population très rurale, à distance de la plupart des lieux de soins et avec des problématiques sociales et sanitaires importantes. Nous faisons les constats suivants :

  • plus de 1300[2] naissances par an sur le sud du département d’Indre et Loire représentent un public cible annuel potentiel de plus de 60 enfants à risque de TND[3] sur l’ensemble de ce territoire pauvre en offres de santé[4];
  • les enfants arrivent au CAMSPS-CMPP en moyenne vers 4-5 ans, orientés le plus souvent par les enseignants. Ce retard de dépistage et de prise en charge majore les difficultés présentes alors qu’une prise en charge précoce, du fait de la plasticité cérébrale, serait beaucoup plus favorable ;
  • les délais d’attente en CAMSPS-CMPP-CMP pour un diagnostic et une prise en charge sont d’un à deux ans. Cela s’explique par les possibilités très réduites de relais dans d’autres structures rendues difficiles par l’éloignement géographique ainsi que par les délais d’attente importants dans des orientations post-CAMSPS-CMPP-CMP tels que SESSAD, DAME, DITEP… Cela sature donc le service qui ne peut répondre rapidement, ce qui entraîne une majoration des difficultés initiales et un sur-handicap ;
  • de plus, beaucoup d’enfants confiés à l’ASE sont dans des familles résidant dans le Sud Touraine et nécessitent souvent un accompagnement du fait du parcours de vie difficile que les enfants ont subis et des troubles de l’attachement qui y sont associés ;

Des éléments conjoncturels :

  • la PMI du secteur fait le constat d’une anxiété chez les femmes enceintes majorée par la crise sanitaire susceptible d’impacter les premiers mois de vie de l’enfant et son développement psychique ;
  • la MDS de Loches constate une augmentation des informations préoccupantes depuis septembre 2020 en lien avec la crise sanitaire et son impact sur les violences intrafamiliales.

Avez-vous rencontré des obstacles ou à l’inverse des facilités à la mise en œuvre de votre projet ?

Le droit du travail ne permet pas de recruter des CDD de plus de 6 mois pour motif d’expérimentation s’il ne s’agit pas d’un surcroit d’activité. Heureusement pour nous, nous avons pu faire des avenants à des professionnels déjà présents sur l’antenne de Ligueil.

Le projet, présenté en CLS et aux différents partenaires opérationnels locaux a été accueilli avec enthousiasme.

Preuve en est, alors que notre campagne de communication n’est pas terminée, à la mi-juin, déjà 10 situations nous ont été adressées depuis début mai, date du démarrage de l’activité.

Les adresseurs sont multiples : infirmière et psychologues scolaires, directeur d’école, PEAD, infirmière en libéral, AS de secteur, initiative personnelle de la famille.

Quels impacts votre initiative a-t-elle ?

Avec les rencontres partenariales que l’on a pu faire lors de la présentation du dispositif, nous avons pu échanger sur nos missions, nos publics accueillis et nos pratiques respectives et ainsi envisager une collaboration plus étroite notamment avec l’antenne de la Maison des Ados de Loches et les RAMEP du secteur afin de co-animer des groupes parents/ professionnels de l’Enfance sur des thématiques particulières.

Quelles perspectives ?

Ce dispositif expérimental va s’étendre au milieu scolaire en septembre.

Il entre dans le cadre de la transformation de l’offre médico-sociale du CMPP et, après évaluation fin juin 2021, sera étendu aux autres antennes CMPP du département si des moyens supplémentaires nous sont accordés par l’ARS.

Pour accéder aux plaquettes du dispositif, cliquez ici et ici.

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